Silksong : la suite tant attendue du metroidvania culte
Après plusieurs années d’attente et de rumeurs, Hollow Knight: Silksong se dévoile enfin comme une suite à part entière du hit indé Hollow Knight (2017). Ce nouveau metroidvania développé par le studio australien Team Cherry – une petite équipe de trois personnes basée à Adélaïde – promet d’étendre l’univers insectoïde et onirique de son prédécesseur. L’annonce officielle faite en août 2025 a fixé la date de sortie au 4 septembre 2025 , confirmant ainsi les informations disponibles sur la page Wikipédia du jeu . Cette suite, initialement conçue comme un DLC, est devenue « un véritable jeu à part entière » au regard de son ampleur . Nous reviendrons ici sur les principaux aspects du jeu : son studio et son développement, ses mécaniques de gameplay, son univers narratif et esthétique, l’engouement qu’il suscite, ainsi qu’une analyse critique de ses promesses artistiques et techniques.
Présentation du jeu : studio, développement et gameplay
Team Cherry, cofondé par Ari Gibson et William Pellen, est un studio indépendant australien reconnu pour Hollow Knight. Après le succès massif de ce dernier (plus de 15 millions d’exemplaires vendus ), l’équipe a entamé le projet Silksong peu après (dès février 2017) . L’objectif initial – proposer un DLC centré sur le personnage de Hornet – a rapidement été dépassé par l’ampleur du contenu envisagé, si bien que Silksong a évolué en jeu complet . L’annonce du jeu le 14 février 2019 a été présentée par Team Cherry comme « le deuxième jeu du studio » et une « suite à part entière de Hollow Knight » . Pour financer ces projets ambitieux, le développeur avait déjà fait appel au financement participatif : les 2 158 contributeurs de la campagne Kickstarter ont rendu l’aventure possible, permettant au premier opus de devenir un succès mondial .
Silksong reste fidèle au genre metroidvania : un jeu d’action-aventure en 2D avec déplacements latéraux et verticales, mêlant exploration labyrinthique et combats de précision . Le joueur incarne Hornet, déjà aperçue dans Hollow Knight : c’est une princesse protectrice d’Hallownest, désormais contrainte de gravir les hauteurs d’un nouveau royaume, Pharloom . Contrairement au Chevalier muet de Hollow Knight, Hornet parle et dialogue avec les PNJ, marque un changement narratif notable .
Au cœur du gameplay, Hornet se distingue par sa mobilité accrue et son arsenal original. On note en particulier :
- Combats acrobatiques : Hornet dispose de nouvelles attaques et combos aériens plus rapides que le héros original. Elle peut se ruer en combat, effectuer des sauts améliorés et même s’agripper aux rebords (fonctionnalité inédite) pour explorer des zones très verticales . Cette agitation constante rend le rythme de jeu plus nerveux et dynamique, conformément aux premières impressions des tests et démos.
- Système de soin via la soie : à la place du système de « Focus » de Hollow Knight, Hornet utilise le fil de soie qu’elle génère pour se soigner. Dès que sa jauge de soie est suffisamment pleine, elle peut activer une « liaison » (Bind) ultra-rapide pour restaurer plusieurs points de vie en un instant . Cette capacité, plus puissante mais consommant tout l’accumulateur de soie d’un coup , rend les soins très stratégiques – d’autant qu’un coup reçu pendant l’animation gâche l’action. En cas de défaite, Hornet laisse derrière elle un cocon qui contient sa réserve de soie, possibilité tactique inédite pour « banker » la soie en cas de mort .
- Outils et artisanat : plusieurs nouveaux instruments entrent en jeu. Hornet peut se servir de bombes, de boules de piques et autres mécanismes éjectables pour explorer et combattre. Un système d’artisanat permet d’améliorer ces outils (en échange de « Fragments de coquillage »), introduisant une dimension de gestion des ressources absente de Hollow Knight .
- Quêtes secondaires et journaux : Silksong étoffe son côté RPG avec des missions annexes données par les villageois. Celles-ci sont suivies dans un journal et classées en quatre catégories (Collecte, Voyageur, Chasse, Grande Chasse) . Il faudra, par exemple, traquer des créatures rares ou retrouver des trésors perdus pour satisfaire les souhaits des PNJ et débloquer des récompenses.
- Monnaies multiples : outre les « Rosaries » (équivalents du Geo de Hollow Knight, perdus à la mort s’ils ne sont pas enfilés sur une fiole), Silksong introduit de nouvelles devises. Les « Fragments de coquillage » servent principalement aux améliorations d’outils, tandis que les Rosaries agissent comme monnaie d’échange dans les boutiques du jeu .
- Exploration verticale : la carte du jeu est pensée autour de l’ascension. Pharloom est un royaume aux niveaux de plus en plus élevés conduisant à la citadelle céleste. Ainsi, Hornet doit gravir cavernes, cités suspendues et ruines dorées, dans un univers plus vertical que Hallownest . Plusieurs villes jalonnent ce parcours, avec chacune leurs marchands et activités, ce qui diffère de l’édifice unique qu’était Dirthmouth dans Hollow Knight .
- Multiplateformes et aspects techniques : Silksong sortira sur PC, Mac et Linux, ainsi que sur consoles (Nintendo Switch 1 et 2, PlayStation 4/5, Xbox One/Series) . Il sortira dès le premier jour sur Xbox Game Pass . Au vu de l’annonce conjointe de la Nintendo Switch 2, le jeu n’est pas lié à un support matériel particulier, ce qui devrait assurer une disponibilité large. En pratique, le jeu utilise à nouveau le moteur Unity (comme Hollow Knight) et a bénéficié d’efforts de polissage considérables en fin de développement .
Chacune de ces composantes s’inscrit dans une direction voulue par Team Cherry : rendre Hornet plus mobile et combative, tout en étoffant l’exploration et le contenu. L’introduction d’éléments comme les outils craftables, les quêtes secondaires et le mode de jeu « Silk Soul » (un New Game+ extra difficile) témoigne de la volonté de diversifier l’expérience de jeu. Le studio, conscient de sa petite taille, a néanmoins assuré dès 2021 qu’il ne cherche pas à augmenter artificiellement la difficulté, mais à proposer un challenge au moins aussi relevé que le premier volet .
Univers et histoire : insectes, soie et mystère
Visuellement, Silksong conserve l’esthétique marquée et atmosphérique du monde d’Hollow Knight. Le jeu se déroule dans Pharloom, un royaume inconnu peuplé d’insectes et de créatures étranges, « hanté par la soie et les sons » comme le décrit l’univers narratif officiel . Cette ambiance s’inscrit dans la continuité du style gothique et onirique du premier opus : les décors mêlent forêts marines coralliennes, grottes moussus et cités dorées noyées d’étranges éclairages , le tout avec une direction artistique qualifiée de « rêveuse » et riche en mystère . Les joueurs reconnaîtront les influences visuelles de Hollow Knight – architectures effondrées, ruines et symbolique des insectes – mais dans un cadre renouvelé.
L’histoire s’inscrit également dans la continuité de Hollow Knight. On y retrouve Hornet, la nouvelle protagoniste : autrefois adversaire du Chevalier de l’opus original, cette « princesse protectrice » est désormais alliée du joueur . Au début de Silksong, Hornet est capturée par des créatures masquées et emmenée en convoi vers Pharloom . Après un effondrement d’infrastructure, elle atterrit dans une zone souterraine appelée Moss Grotto, et doit dès lors entamer l’ascension du royaume pour comprendre les raisons de son enlèvement . Le récit garde une aura de poésie sombre : au sommet de Pharloom réside vraisemblablement une entité liée à la « Grand-mère Soie », une divinité endormie qui utilise le pouvoir de la soie pour corrompre les habitants . Il appartient à Hornet de gravir jusqu’à cette citadelle céleste, affronter des dizaines de gardiens et restaurer l’ordre dans ce monde fracturé.
Côté personnages et ennemis, l’univers regorge de figures familières ou inédites. On retrouvera possiblement quelques visages connus (chants, Weavers, etc.) ainsi qu’une galerie de nouveaux ennemis : des bêtes sauvages, des chasseurs masqués, des assassins et même des « chevaliers » d’élite . En effet, plus de 150 ennemis différents – cités dans les annonces de Team Cherry – peuplent Pharloom (certains articles évoquent même plus de 200 adversaires et 40 boss légendaires à combattre ). Ce bestiaire varié promet des affrontements aussi redoutables que ceux de Hollow Knight, chaque zone introduisant ses propres menaces. Les amateurs retrouveront en tout cas le même soin apporté aux décors et à la faune anthropomorphique, comme le confirment les critiques : la richesse du background graphique a été saluée pour son « niveau de détail exceptionnel » .
Une attente inédite et les enjeux de sa sortie
L’annonce de Silksong en 2019 a été suivie de nombreuses années de quasi-silence de la part de Team Cherry. Entretiens sporadiques et mises à jour très espacées ont alimenté une attente fébrile au sein de la communauté. Comme le note un article de presse, Silksong a rapidement « longtemps été un mème dans la communauté » tant son absence d’informations semblait interminable . L’attente est d’autant plus légitime que Hollow Knight s’était imposé comme une référence du genre (plus de 15 millions de ventes) . Silksong a donc accumulé plusieurs distinctions avant même sa sortie : en 2021, il a remporté le prix du jeu « le plus attendu » aux Unity Awards , et pendant des années il a figuré dans les palmarès des titres indépendants les plus désirés (trois fois nommé « Most Wanted Game » aux Golden Joystick Awards ).
Le phénomène s’est manifesté via les fans : le subreddit officiel a réuni plus d’un million d’abonnés, multipliant les fausses annonces d’apparence officielle (« Silkposts ») et les montages humoristiques (par exemple le Chevalier de Hollow Knight affublé d’un nez de clown) pour moquer gentiment cette attente . Chaque échec de teaser ou d’apparition en salon de jeux vidéo a été remarqué. Néanmoins, cette longue attente a surtout renforcé l’engouement : mi-août 2025, Silksong était le jeu le plus ajouté aux listes de souhaits sur Steam (plus de 4,8 millions de listes) , largement devant les autres blockbusters à venir. Fin août, ce nombre dépassait 5,2 millions , un record historique. Cette frénésie a confirmé que la sortie du jeu constituait un événement majeur de l’année, au point que certains développeurs indépendants ont décalé la date de leurs propres titres pour ne pas être éclipsés .
Enfin, le jour J a tenu ses promesses en terme d’attention. Dévoilé par une bande-annonce très attendue lors de la Gamescom 2025, Silksong a généré une forte affluence sur les plateformes de vente en ligne. Les boutiques en ligne (Steam, eShop, PS Store, Microsoft Store) ont connu des perturbations voire des pannes à l’ouverture commerciale, soulignant l’énorme demande . Durant les trois premiers jours, Silksong a réuni plus de 5 millions de joueurs, dont un million par Xbox Game Pass et environ 3 millions sur Steam – bien plus que les concurrents du moment. Autant dire que l’enjeu était élevé : Silksong devait satisfaire non seulement les initiés d’Hollow Knight en quête de la suite parfaite, mais aussi faire valoir ses qualités face à la concurrence et confirmer l’aura du studio Team Cherry.
Analyse critique : originalité, promesses et innovations
D’un point de vue critique, Silksong joue sur la continuité : il reprend la recette de Hollow Knight (direction artistique soignée, univers insectoïde, gameplay exigeant) tout en affinant plusieurs aspects. L’originalité réside avant tout dans le point de vue du nouveau personnage et dans l’extension de l’univers. Le fait de jouer Hornet apporte une dynamique différente : son style de combat est plus offensif et aérien que celui du Chevalier, ce qui rend l’action « plus vive et mieux rythmée » . Plusieurs journalistes ont salué cette évolution lors des démos : Tom Marks d’IGN estimait ainsi que « Silksong [avait] le potentiel d’être encore meilleur que l’original » , et d’autres soulignaient l’abondance de détails visuels et la beauté des décors qui enflamment l’imaginaire . L’acoustique du jeu a également été bien accueillie : Christopher Larkin (compositeur du premier volet) signe de nouveau une partition symphonique, « mélancolique » et « envoûtante » , ce qui devrait renforcer l’immersion.
En termes d’innovations concrètes, Silksong introduit plusieurs changements notables : le double-saut et l’accroche aux rebords pour Hornet apportent des possibilités verticales plus poussées , tandis que le système d’artisanat et les deux monnaies séparées étoffent la stratégie (gestion de ressources) et l’exploration. Le mode « Silk Soul » (mode extra difficile type New Game+) répond à la passion de difficulté des fans. En revanche, rien de révolutionnaire n’apparaît : le cadre général reste très proche de celui du premier jeu, et on peut lui reprocher d’user de la même formule sans bouleversement radical. Ce point est volontaire chez Team Cherry, qui a admis vouloir conserver l’esprit de Hollow Knight tout en corrigeant certains détails (par exemple la résistance aux dégâts a été ajustée pour rendre le challenge plus constant ).
Les critiques portent également sur la difficulté (toujours élevée, ce qui pourrait décourager les joueurs moins patients) et sur la brièveté relative du titre. Team Cherry a fixé un prix modéré (~20 €), ce qui a inquiété certains développeurs indés craignant que cela ne valorise pas assez ce travail . Quoi qu’il en soit, les retours initiaux sont globalement positifs : la fluidité des combats et la richesse des animations ont été saluées , comme la nouvelle mobilité de Hornet. Si certains regretteront l’attente et le conservatisme de certains aspects, il faut reconnaître que Silksong tient enfin ses promesses principales – d’être un Metroidvania technique, beau et immersif. Il ne reste plus qu’à voir si ce cocktail séduira encore plus qu’Hollow Knight.
En conclusion, Hollow Knight: Silksong est un exemple de suite indépendante réussie : elle s’appuie sur l’héritage du premier opus tout en offrant des nouveautés intéressantes. Du studio Team Cherry (petit mais passionné) à l’univers fascinant de Pharloom

