L’histoire de la franchise Pokémon : de la passion de Satoshi Tajiri à un phénomène mondial
16 août 2025
12 min

🐾 L’histoire de la franchise Pokémon : de la passion de Satoshi Tajiri à un phénomène mondial

Introduction : un univers né de la passion et devenu une légende

Pokémon est bien plus qu’une série de jeux vidéo. C’est un langage commun, un souvenir d’écran rétroéclairé dans une chambre sombre, un câble Link tendu entre deux consoles et deux amis, une promesse de voyage. Née au Japon en 1996, la franchise a conquis des centaines de millions de joueurs grâce à un mélange unique d’exploration, de collection et d’échanges, porté par des créatures au design mémorable et une musique immédiatement reconnaissable.

Au cœur de cette aventure, Satoshi Tajiri, enfant fascinée par la collecte d’insectes et par l’arcade, rêve d’un jeu où des créatures passeraient d’une console à l’autre. Avec Ken Sugimori au caractère design et Junichi Masuda à la composition musicale, il donne forme à un monde où l’on capture, entraîne, échange et raconte sa propre histoire. L’idée paraît simple, mais elle va redéfinir le RPG portable et inscrire Pokémon dans l’imaginaire collectif.

1. Les débuts : l’ère de la Game Boy (1996–2002)

La genèse de Pokémon remonte à la fin des années 1980, quand Game Freak passe du fanzine au studio de développement. Le concept, d’abord appelé « Capsule Monsters », se peaufine au fil des années, inspiré par la chasse aux insectes, le goût de la collection et surtout par le câble de liaison de la Game Boy qui rend possible l’échange entre joueurs. Cette intuition sociale est le véritable cœur battant de la série.

En février 1996, Pocket Monsters Vert et Rouge sortent au Japon sur Game Boy. Ces versions posent les bases fondatrices : une aventure initiatique dans la région de Kanto, un Pokédex à compléter, six créatures dans l’équipe, des types et des faiblesses, et surtout l’échange, indispensable pour obtenir chaque Pokémon. Quelques mois plus tard, une édition Bleue améliorée affine le contenu, tandis qu’une communauté passionnée commence à naître autour des secrets, glitches et combats entre amis.

L’Occident découvre Pokémon en 1998 en Amérique du Nord et en 1999 en Europe avec Pokémon Rouge et Bleu. La « Pokémania » emporte tout sur son passage, amplifiée par l’anime, une bande-son entêtante et un bestiaire immédiatement iconique. L’expression « Attrapez-les tous » devient un leitmotiv culturel, des cours de récréation aux plateaux TV.

L’anime Pokémon débute en 1997 et suit Sacha et son fidèle Pikachu dans une odyssée qui transforme chaque badge en étape de vie. Le Jeu de Cartes à Collectionner, lancé au Japon en 1996 puis en Occident en 1999, catalyse l’engouement par ses tournois, ses extensions et un art illustratif marquant. Très vite, jouets, vêtements, films et magazines tissent une toile transmédiatique qui installe Pokémon partout.

En 1998, Pokémon Jaune propose une version alternative inspirée de l’anime, où Pikachu vous accompagne à l’écran et où le rythme est repensé pour séduire un public encore plus large. Puis arrive la Génération II avec Or et Argent (1999 au Japon, 2000 en Occident) qui ajoute 100 nouvelles créatures, un cycle jour/nuit, l’élevage, les objets tenus, les types Acier et Ténèbres pleinement intégrés, sans oublier la possibilité de revenir à Kanto après la Ligue. Cristal perfectionne l’ensemble et introduit un protagoniste féminin jouable, un jalon pour la représentation.

2. L’expansion sur Game Boy Advance et Nintendo DS (2003–2010)

Avec Rubis et Saphir en 2002 au Japon et 2003 en Occident, Pokémon entre dans la Génération III et la région de Hoenn. Graphiquement plus colorés, ces épisodes introduisent les natures, les talents, les combats duo, une météo influençant le terrain et un métagame plus profond. La connectivité avec GameCube ouvre la porte à des transferts et à des combats sur grand écran, tandis que les Concours Pokémon révèlent une autre facette de la mise en scène.

Les remakes Rouge Feu et Vert Feuille, sortis en 2004, revisitent Kanto avec un regard moderne. Les Îles Sévii prolongent l’aventure, le sans-fil fait ses premiers pas sur portable et l’équilibre entre nostalgie et nouveautés devient un modèle que la saga réexploitera avec succès au fil des générations.

La Nintendo DS marque une étape décisive avec Diamant et Perle (2006 au Japon, 2007 en Occident). Les modèles 3D flirtent avec le décor 2D, le Wi‑Fi rend les échanges et combats en ligne accessibles, et la Global Trade Station démocratise l’échange mondial. Cette génération introduit la séparation capitale entre catégories physique et spéciale par capacité, un changement de design système qui redessine le jeu compétitif.

Platine vient affiner rythme et contenu avec un post‑game plus dense et un endgame mieux calibré. En 2009 au Japon puis 2010 en Occident, Or HeartGold et Argent SoulSilver remettent Johto à l’honneur avec un soin muséal : Pokémon qui suit le dresseur, gigantisme du contenu post‑Ligue et surtout le Pokéwalker, un pod à pas qui relie la fiction à la marche quotidienne, annonçant l’attrait futur pour les expériences connectées.

3. L’évolution de l’expérience : Nintendo 3DS et Switch (2011–aujourd’hui)

Noir et Blanc arrivent en 2010 au Japon et 2011 en Occident, portés par un souffle narratif plus affirmé et un casting de créatures inédit disponible dès le début de l’aventure. Les saisons rythment les routes, les sprites s’animent et la bande originale s’autorise des audaces. Noir 2 et Blanc 2, en 2012, proposent une suite directe, rare dans la série, avec nouveaux lieux, défis et un hommage aux championnats du monde en jeu.

En 2013, X et Y font basculer la série dans la 3D intégrale sur Nintendo 3DS. La région de Kalos, inspirée de la France, séduit par ses villes élégantes et ses avenues lumineuses. La Méga‑Évolution bouleverse les stratégies en offrant, à certains Pokémon, une forme temporaire dopée qui change la hiérarchie des combats et de la scène compétitive.

Rubis Oméga et Saphir Alpha, en 2014, revisitent Hoenn avec un sens de la mise en scène revigoré. L’Exploration des cieux à dos de Latios ou Latias sublime la carte du monde, tandis que le DexNav encourage l’observation et la traque de spécimens rares, renforçant l’ivresse de la chasse.

Soleil et Lune, en 2016, brisent les codes en remplaçant les arènes par des Épreuves, en introduisant les Formes d’Alola qui réinterprètent des espèces connues, et en inaugurant les Capacités Z, coups d’éclat à usage unique qui transforment l’issue d’un affrontement. Les versions Ultra, en 2017, étoffent l’histoire et l’endgame en multipliant les défis.

Let’s Go, Pikachu et Let’s Go, Évoli, en 2018, proposent une porte d’entrée accessible sur Nintendo Switch. Les captures inspirées de Pokémon GO, la lecture tactile et la revisite chaleureuse de Kanto font de ces épisodes un pont assumé entre public mobile et joueurs de longue date.

Épée et Bouclier, en 2019, ouvrent la huitième génération dans la région de Galar. Les Terres Sauvages, premier espace semi‑ouvert de la série principale, introduisent les raids coopératifs et la mécanique Dynamax/Gigamax, spectacle autant que stratégie. Les extensions de 2020, L’Île Solitaire de l’Armure et Les Terres Enneigées de la Couronne, installent durablement le modèle des DLC majeurs sur console Nintendo.

Diamant Étincelant et Perle Scintillante, en 2021, ressuscitent Sinnoh dans des remakes fidèles qui misent sur la conservation des souvenirs. L’année 2022 marque un tournant avec Légendes Pokémon : Arceus, expérience centrée sur l’observation, l’exploration et la capture en temps réel dans la contrée d’Hisui, ancêtre de Sinnoh. Ce laboratoire d’idées redéfinit le « geste Pokémon » et montre que la formule peut évoluer sans renier son âme.

Écarlate et Violet, sortis fin 2022, embrassent le monde ouvert intégral avec Paldea et permettent de suivre plusieurs trames scénaristiques à son rythme. La Téracristallisation, qui modifie le type et les calculs de dégâts, redistribue les cartes du jeu compétitif, tandis que le contenu additionnel Le Trésor Enfoui de la Zone Zéro en 2023 approfondit le lore et l’endgame. Les débats sur les performances techniques et le « Pokédex national » absent en totalité dans certains épisodes témoignent d’une communauté passionnée, exigeante et très impliquée.

4. Les piliers de la franchise au‑delà des jeux vidéo

L’anime, diffusé depuis 1997, a façonné des générations entières. Le duo Sacha‑Pikachu est devenu un symbole d’obstination et d’amitié, jusqu’à la consécration mondiale de Sacha en 2022. La relève lancée en 2023 explore de nouveaux héros, de nouvelles régions et réinvente le regard porté sur le voyage. Chaque saison, chaque générique, chaque rivalité installe des rituels partagés, propices à élargir la communauté.

Le Jeu de Cartes à Collectionner Pokémon, né en 1996, est un pilier compétitif et culturel. Les championnats, les formats saisonniers, les cartes promotionnelles et l’essor des collectionneurs ont érigé le JCC en scène à part entière. Pour de nombreux fans, ouvrir un booster, c’est revivre l’étincelle de la découverte, une émotion aussi forte qu’une capture inopinée d’un Pokémon rare.

Au cinéma, Pokémon a multiplié les longs‑métrages d’animation et a franchi le cap du live‑action avec Détective Pikachu en 2019, prouvant qu’un univers stylisé peut convaincre sur grand écran. Entre fan service soigné et accessibilité grand public, la franchise a consolidé sa présence médiatique et élargi son audience.

Sur mobile, Pokémon GO, lancé en 2016, a transformé le monde en terrain de chasse. La réalité augmentée, la géolocalisation, les Raids et les Community Days ont réinventé la sociabilité vidéoludique en plein air. D’autres titres, comme Pokémon UNITE, Masters EX ou encore des expériences ludiques plus légères, prolongent l’univers et diversifient les points d’entrée.

5. Thèmes, design et héritage

Depuis 1996, Pokémon a grandi avec nous. Des sprites monochromes de Kanto aux panoramas de Paldea, la série a su évoluer sans perdre son cœur : la joie simple d’une rencontre inattendue et la fierté d’une équipe que l’on a façonnée pas à pas. Tant qu’il restera des herbes hautes à fouiller et des créatures à apprivoiser, l’appel de l’aventure continuera de résonner. Le prochain départ est toujours au bout du chemin, pokéballs à la ceinture et étoiles dans les yeux.